En 2024, l’Institut français du Gabon (IFG) a organisé la résidence de création artistique « Duvangu », dans les locaux de l’ancienne Ambassade de France à Libreville.
Ce site chargé d’histoire franco-gabonaise, a été investi comme espace d’expérimentation et de réappropriation symbolique. Ce laboratoire de création y a accueilli une trentaine d’artistes du Gabon, de France et de la sous-région, qui ont transformé les lieux en y transposant leur imaginaire, œuvrant à un travail de mémoire et à un pont de transmission culturelle. Parmi les artistes, Julie Mvie (Gabon) et Catarina Neto Barroso (Sao Tomé) ont mené des travaux remarqués, à la croisée de la recherche artistique, de l’histoire et de la réparation.
Cette résidence – témoignage de l’engagement de l’IFG pour la scène contemporaine africaine – a contribué à bâtir des ponts durables entre artistes, territoires et publics, tout en affirmant la place du Gabon et de Sao Tomé au-delà de leurs frontières. Ces deux artistes ont ensuite été retenues pour « Duvangu 2 », une résidence de création de deux mois et demi à POUSH, Paris, en mai-juin 2025, expérience pendant laquelle leur travail sera à nouveau mis en lumière et remarqué par l’équipe de la foire AKAA.
Dans cette continuité, l’IFG présentera leurs œuvres pour les dix ans d’AKAA , sous le commissariat de Vanessa Tess Odongui-Bonnard, artiste en résidence à « Duvangu » et commissaire d’expositions au Gabon. Le stand de l’IFG expose la série photographique en flous noirs et blancs « Les Ombres » de Julie Mvie. L’artiste y mène un travail d’observation et d’écoute, interrogeant la place de chacun dans l’espace public, la frontière entre visibilité et oubli, présence et absence, des personnes sans domicile fixe. Elle y affine sa technique de traitement en couches de flous et calques noirs et blancs, jouant sur lumière et contrastes pour révéler ce qui échappe au regard. Ce travail, ancré et engagé, reste empreint de poésie et de retenue : ne pas parler à la place des autres, mais proposer des images qui suscitent des questions et élargissent notre regard.
Le stand présentera aussi les « Séries Abstraites » de Catarina Neto Barroso, inscrites dans l’art abstrait comme espace d’investigation sensorielle et conceptuelle. Couleur, forme et vide dialoguent pour interroger les frontières entre perception et signification. L’artiste traduit des états intérieurs — souvenirs fragmentés, gestes interrompus, silences denses — en structures visuelles résistantes aux récits linéaires. Plutôt que représenter le visible, elle crée un territoire où le regard se perd, suspend la reconnaissance immédiate et explore l’intervalle entre voir et ressentir. Par superpositions, taches maîtrisées et hasards assumés, elle compose des surfaces à la fois révélantes et occultantes, invitant chaque spectateur à projeter sa propre expérience et à établir un dialogue intime avec l’œuvre.